TRIUMPH STAG
Histoire
La carrière de celle qui allait devenir la
TRIUMPH STAG démarra fin 1965 dans les ateliers du carrossier
italien Giovanni MICHELOTTI, à l'origine de nombreux modèles
pour TRIUMPH avec qui il avait entamé une étroite collaboration
depuis la fin des années 50's (TR3-4-5, Herald, Spitfire,
Berline MKII 2000, ...).
A cette époque, le carrossier Turinois avait demandé au
Directeur des Etudes de TRIUMPH - Harry WEBSTER- de lui procurer
une vieille berline 2000 afin de construire une "show car"
dans le cadre de la promotion de ses ateliers.
Sa requête fut acceptée et une TRIUMPH 2000, qui
avait servi de véhicule de service lors des 24 heures du Mans
1965, lui fut livrée. La seule condition posée par Harry
WEBSTER fut d'avoir la primeur de cette future voiture avant
toute exposition publique.
Durant l'été 1965, Harry WEBSTER, à l'occasion d'une de ses
visites régulières chez MICHELOTTI, découvrit une auto
totalement méconnaissable de la vieille berline 2000 livrée
quelque temps auparavant. Ainsi, l'empattement avait été
raccourci de 15 cm et la carrosserie avait fait place à un
superbe cabriolet 2+2 (sans arceau, à ce stade).
Littéralement "emballé", l'anglais s'en retourna à l'usine
avec l'idée bien arrêtée de "vendre" le concept d'une
nouvelle TRIUMPH à la Direction.
Le projet fut finalement accepté et reçu un nom de code à
quatre lettres : S T A G.
Le modèle définitif connaîtra quelques modifications par
rapport au prototype de MICHELOTTI. Le tableau de bord, en
premier lieu, ne correspondait pas au style TRIUMPH et sera
redessiné par les dessinateurs maison. La calandre, également,
composée de grilles cache-phares escamotables, trop compliquées
et au style un brin trop audacieux. Mais la modification la plus
visible sera l'arceau de sécurité, d'abord simple puis en
"T", demandé à MICHELOTTI pour répondre aux
nouvelles normes américaines d'une part, mais surtout pour remédier
au grave manque de rigidité de l'ensemble.
Le deuxième élément important de la STAG fut bien évidemment
la mécanique. Il fallait en effet un moteur digne du
positionnement haut de gamme voulu par TRIUMPH pour son nouveau
Roadster. Il fut donc décidé, après différentes combinaisons,
de construite un tout nouveau V8, en réalité issu d'une famille
de nouveaux 4 cylindres à arbre à cames en tête dont le développement
avait démarré en 1963. La réunion de deux de ces 4 cylindres
sur un vilebrequin commun permettrait en outre de maîtriser les
coûts de développement et d'outillage.
Là encore, la mise au point de ce moteur V8 ne se fit pas sans
encombre. Un redoutable concurrent allait jouer les
trouble-fêtes - le ROVER V8 3,5 l - faisant partie aussi du
groupe BRITISH LEYLAND, propriétaire de TRIUMPH.
Il faudra d'ailleurs toute la roublardise des ingénieurs TRIUMPH
qui prétendront que l'installation de ce moteur était
impossible, faute de place (on sait aujourd'hui qu'il n'en était
rien), pour convaincre les grands argentiers de BL de les laisser
poursuivre le développement du V8 "maison", malgré
une conjoncture financièrement difficile.
Ceci étant fait, le moteur V8 de la STAG passera par différentes
étapes avant d'atteindre sa configuration définitive.
Un premier bloc fut réalisé, d'une cylindrée de 2,5 litres,
testant différentes solutions d'alimentation : carburateurs, injection LUCAS et même
BOSCH.
Les solutions d'injection furent abandonnées, ne satisfaisant
pas aux nouvelles et draconiennes normes anti-pollution américaines,
marché hautement visé par TRIUMPH pour son futur modèle.
Les ingénieurs durent finalement se résoudre à adopter une paire de modestes
carburateurs STROMBERG. Hélas, le bloc V8 de 2,5 litre de cylindrée ainsi
alimenté accusait un cruel manque de puissance en rapport de l'objectif visé. La cylindrée
sera finalement portée à 3 litres pour arriver à ce qui
sera la version définitive.
La première TRIUMPH STAG fut prête, dans sa version commercialisable,
en Novembre 1969. Le projet fut présenté aux concessionnaires
de la marque en Juin et le nom de code STAG fut entériné pour être
le nom du modèle.
La toute première STAG destinée à être commercialisée sortit
des chaînes le 13 Mars 1970.
Cette STAG MkI de 1970 fut utilisée par
l'acteur Sean CONNERY au cours de quelques scènes d'un épisode de JAMES BOND,
"Les diamants sont éternels" (Diamants are forever).
Pour l'histoire, l'agent 007 l'avait subtilisée au "méchant", se
faisant alors passer pour lui.
A l'époque, le doublage son du moteur fut emprunté à une TRIUMPH... HERALD !